Grâce à la physique quantique, l’impensable, l’inénarrable, est.
Pascal Lefeuvre

Jusqu’à aujourd’hui, l’informatique fonctionne en mode binaire, à travers une succession de 1 et de 0. Dans un ordinateur quantique, les bits laissent la place à des qubits qui peuvent être en même temps des 0 et des 1. Théorisé par le prix Nobel Autrichien Erwin Schrödinger à travers l’expérience dite du chat de Schrödinger, ce caractère aléatoire ouvre un champ de possibilités inimaginable…

Un ordinateur d’une autre dimension

Bien que dans de nombreux tests sur des prototypes déjà existants la réalité ne correspondait pas toujours avec l’engouement et les résultats espérés, la technologie des ordinateurs quantiques, si elle aboutie, porte en elle un potentiel considérable. Elle permettrait en effet de démultiplier d’une façon exponentielle toutes les vitesses de calcul, laissant ainsi sur place l’ensemble des ordinateurs les plus puissants d’aujourd’hui.

Et certaines expériences sont prometteuses. Récemment, lors d’un test mené dans une collaboration entre Google et la Nasa, un ordinateur quantique développemental traita plusieurs algorithmes tests à une vitesse 35 000 fois plus rapide qu’un ordinateur classique. Si une telle technologie se développait, elle pourrait contribuer à la résolution de certains des problèmes parmi les plus difficiles au monde tels que la découverte de nouvelles thérapies médicamenteuses ou encore la prochaine génération de nanotechnologies ou d’intelligence artificielle.

Comme nous l’avons évoqué plus haut, les ordinateurs d’aujourd’hui sont binaires possédant seulement deux valeurs possibles -soit 1, soit 0, connus en tant que bit- pour exécuter leur jeu d’instruction. De leur coté, les ordinateurs quantiques exploitent les idiosyncrasies de particules subatomiques appelées qubits. Des qubits qui peuvent être un 1, un 0 ou encore une combinaison simultanée des deux.

Pour parler de façon plus simple, cela permettrait aux ordinateurs quantiques de tester simultanément une quantité inimaginable de possibilités. Une augmentation exponentielle de capacité qui ouvrirait une multitude de nouveaux horizons du possible et aurait notamment pour conséquences un impact majeur sur la cyber-sécurité mondiale. Tout particulièrement, les ordinateurs quantiques pourraient potentiellement invalider complètement tous les systèmes informatiques fréquemment utilisés aujourd’hui.

« L’ordinateur quantique » par le D. Rousset

Les ordinateurs quantiques : la révolution technologique ultime !

Actuellement, toute notre sécurité informatique mondiale est basée sur la cryptographie -qui est l’utilisation de la théorie des nombres et la multiplication des nombres premiers– pour coder des messages et les rendre illisibles par les tiers non autorisés. Ainsi, afin qu’une personne puisse lire une donnée cryptée, elle doit, soit posséder une clé mathématique, soit pratiquer ce qu’on appelle une attaque par force brute, qui consiste à essayer toutes les possibilités les unes après les autres, ce qui peut prendre, si le protocole de chiffrage est bien ficelé, plusieurs milliards d’années…

C’est pourquoi aujourd’hui l’attaque par force brute est une chose auquel les hackers n’ont quasiment jamais recours. Au lieu de cela, pour dérober la clé cryptographique nécessaire pour lire tes mails ou ton numéro de carte de crédit, ils misent sur les enregistreurs de frappe, les maliciels informatiques, les protocoles de chiffrages médiocrement mis en place et, bien sûr, l’erreur humaine.

Aujourd’hui, avec un ordinateur classique, il est très hautement improbable de cracker le standard actuel, le codage 128-bit AES. Alors que les ordinateurs classiques ne peuvent faire qu’un seul calcul à la fois, les ordinateurs quantiques pourraient eux, en exploitant la nature contre-intuitive de la mécanique quantique, assurer un très grand nombre de calculs. Cette nouvelle puissance de calcul pourrait potentiellement contourner tous les protocoles de cryptages et rendre tous les mots de passe et différents systèmes de sécurité actuels complètement obsolètes.

Un propriétaire d’ordinateur quantique pourrait notamment lire les e-mails de tout le monde, transférer des fonds de n’importe quel compte bancaire vers un autre ou encore prendre le contrôle et manipuler des infrastructures cruciales telles que les centrales nucléaires ou le contrôle aérien. … Et réciproquement, et pour les mêmes raisons, la technologie quantique pourrait aussi être la percée permettant une sécurité informatique totale.

« Nanotechnologie, la révolution quantique », un documentaire ARTE

Expérimentation d’algorithmes quantiques : IBM Quantum Experience

Un enjeu de pouvoir crucial et très disputé

Alors que tu ne trouveras probablement pas ce genre de matériel avant très longtemps au supermarché du coin, de nombreux gouvernements et entreprises autour du monde –telles IBM, Microsoft ou Google- investissent à coup de centaines de millions de dollars dans cette course à la suprématie quantique. Au moment où tu lis ces lignes, beaucoup sont en train de travailler d’arrache-pied au développement et à la construction de ces ordinateurs quantiques, capable de cracker la technologie de cryptage actuelle, tout en développant leurs propres réseaux sécurisés quantiques.

Soyons clair, construire une tel machine requiert de résoudre toutes une combinaison de problèmes et de challenges particulièrement difficiles. Mais le premier qui y arrivera obtiendra une telle concentration de pouvoir que les équilibres politiques, économiques et militaires mondiaux en seront profondément bouleversés en sa faveur…

Trois questions principales prédominent alors :

Cette technologie aboutira-t-elle ?
Quand est-ce que cela arrivera-t-il ?
Et surtout, par qui ?

Approfondir le sujet

Pin It on Pinterest

Share This