Les requins tuent 5 humains chaque année. Les humains tuent 12 000 requins chaque heure.

Présents sur la Terre depuis près de 450 millions, bien avant l’apparition des dinosaures, les requins sont à l’origine de l’équilibre des océans. En tant que super-prédateurs, ils régulent le nombre de poissons et de crustacés et empêchent les épidémies en s’attaquant aux animaux malades.

Composé de plus de 480 espèces différentes recensées, le requin est un animal méconnu présent dans tous les océans du globe, à l’exception de l’Antarctique.

Le mythe du requin mangeur d’homme

Considéré comme le pire ennemi de l’Homme, le requin est un animal méconnu et mal aimé autour duquel s’est construit depuis toujours le mythe d’une animal redoutable et monstrueux.

Pourtant, si l’on regarde les statistiques, on s’aperçoit qu’il n’y a que quelques dizaines d’attaques par an dont seules 4 ou 5 sont mortelles, le plus souvent dues aux blessures traitées trop tard. Car lorsqu’un requin mord un homme, c’est la plupart du temps par accident car il le confond avec sa proie habituelle. Il est donc rarissime qu’il s’acharne dessus.

A titre de comparaison, entre 2001 et 2010 seuls dix décès par morsure de requin contre 263 victimes de chiens ont été recensés aux États-Unis. Et c’est d’ailleurs paradoxalement à l’aspect exceptionnel de ses attaques que tient la réputation du requin. En effet, une attaque de requin -ou même sa seule présence dans l’eau- donne souvent lieu à une large couverture des médias alimentée par la recherche permanente du sensationnel.

En fait, la raison de cette crainte des requins n’est pas rationnelle. Elle est surtout liée à la perception psychologique, voire psychanalytique, des profondeurs sombres et inconnues des océans. Une perception qui alimente tous les fantasmes eux-mêmes entretenus par de nombreuses légendes et films d’horreur à commencer par les plus célèbres d’entre eux, la tétralogie Les dents de la mer.

Artificiellement construit, ce mythe du requin mangeur d’homme est ainsi solidement installé dans l’inconscient collectif. Mais le problème de ce mythe, c’est qu’il contribue à l’indifférence qui entoure, un peu partout dans le monde, au massacre insupportable actuellement en cours de la population des requins à des fins commerciales.

Des requins dont très peu de gens prennent la défense…

« Les seigneurs de la mer » de Rob Stewart

La soupe aux ailerons de requins à l’origine du carnage

En Asie, et plus particulièrement en chine, il existe une croyance selon laquelle lorsqu’on mange l’aileron du requin on en récupère sa force et sa capacité à résister aux maladies. Malgré qu’elle ne soit absolument sans aucun fondement, il s’est développé autour de cette croyance un marché colossal.

Même si les chinois consomment de la soupe d’ailerons de requins depuis déjà plusieurs siècles, elle n’était jusqu’alors réservée qu’à une élite peu nombreuse. Mais durant ces 25 dernières années, les vertus thérapeutiques supposées du requin associées à l’explosion économique de la chine ont considérablement démultiplié la demande et le nombre de nouveaux riches pour qui il est tendance de manger une soupe d’ailerons augmente chaque jour.

Malgré son goût insipide et son prix exorbitant -un bol de soupe peut valoir jusqu’à 90$ dans les meilleurs restaurants- sa consommation est aujourd’hui en constante augmentation. Les requins font ainsi les frais d’une course économique effrénée et bien que ces animaux soient en voie de disparition, environ 70 à 80 millions de requins sont pêchés chaque année -la plupart du temps illégalement et dans des conditions échappant à tout contrôle.

Des trottoirs d’Hong-Kong couverts d’ailerons de requins

Revendu jusqu’à 500$ le kilo, la rentabilité des ailerons de requins rivalise avec celle du trafic de drogue et les enjeux économiques associés sont gigantesques. Devant les profits rapides d’un marché colossal qui dépasse le milliard de $ annuel, beaucoup sont prêts à tout pour fournir ce marché asiatique en pleine expansion, sans bien sûr s’encombrer avec la loi ou la morale.

Alors que les requins atteignent leur maturité reproductive vers 20, 25 ans, la pêche aux ailerons de requins prospère, mais pas ses victimes…

Le Shark Finning, une pratique aussi courante que monstrueuse

Nous voici donc avec des dizaines de millions de requins assassinés illégalement chaque année. Mais au delà de cette quantité démesurée qui menace la survie même des requins, la méthode utilisé est à la fois barbare et révoltante.

Joliment baptisé Shark Finning, le procédé consiste à pêcher puis à trancher les ailerons de l’animal encore vivant pour ensuite le rejeter à l’eau, toujours vivant. Ne pouvant plus nager, le requin tombe au fond de l’océan où il agonise ainsi jusqu’à mourir de douleur et d’épuisement.

Le Shark Finning…

Cette méthode ignoble est pratiquée sur la quasi totalité des 70 à 80 millions péchés chaque année.

Un problème majeur aux conséquences désastreuses

Au delà cette cette maltraitance animale barbare, gratuite et insupportable, le problème de l’extinction des requins est un problème majeur. En effet, en tant que superprédateurs, ils sont indispensables à leurs écosystèmes. Par effet de domino, l’extinction des requins engendrerait à coup sûr un dérèglement massif des écosystèmes aux conséquences imprévisibles.

Certaines populations de requins ont déjà chuté de plus de 95% en seulement 30 ans. Pour la première fois depuis 450 millions d’années, le requin est devenu une proie et de puissantes forces économiques et mafieuses sont en train d’en exterminer les populations.

Même si la protection mondiale des requins reste faible, certains états ont néanmoins décidé d’agir en transformant leurs eaux territoriales en sanctuaire de requins. Mais la plupart n’ont malheureusement que très peu de moyen pour les protéger et il reste encore beaucoup à faire.

Individuellement ou collectivement, il est indispensable de faire pression sur les gouvernements et les institutions pour empêcher à tout prix l’extinction des requins.

Réagirons-nous à temps ?
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