L’adulte surdoué

Chez l’Homo sapiens, l’intelligence n’est pas distribuée équitablement et certaines personnes sont beaucoup plus favorisées que d’autres. On les appelle les « surdoués ».

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L’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont sûrs d’eux et les gens censés pleins de doutes.Bertrand Russell

09 Juin.2022

Dans l’imaginaire collectif, un surdoué est une personne très intelligente qui réussit tout ce qu’elle entreprend. En réalité, c’est rarement le cas pour une raison simple : en plus d’être plus intelligent, le surdoué à un mode de fonctionnement et de compréhension des choses décalé qui souvent le marginalise.

La surdouance, un fardeau souvent lourd à porter

Mais surtout, en plus d’une intelligence très développée, le surdoué surtout possède une sensibilité -physique et émotionnelle- réellement amplifiée. Cette sensibilité le place en première position face à une souffrance qu’il reçoit, de par sa différence, de manière massive et qu’il n’arrive que très rarement à gérer.

Dans la plupart des cas, les deux émotions clefs qu’un surdoué ressent sont la différence et la solitude. Une différence née d’une perception différente des choses, des personnes, des événements et du monde. Une solitude née de cette différence et qui la plupart du temps est amplifiée par une impossibilité à l’expliquer et à communiquer dessus.

Enfin, pour compliquer la donne, la quasi-totalité des surdoués ne savent même pas qu’ils le sont et, surtout, ne s’imaginent même une seule seconde qu’ils puissent l’être. Avec cette lecture des choses, il n’est ainsi pas étonnant de constater que le taux de suicide chez les surdoués soit nettement plus élevé que la moyenne. D’autant plus que lorsqu’un surdoué intègre une ou plusieurs autres discriminations -homosexualité, couleur de peau, handicap…etc.-, elles se mélangent et en amplifient son mal-être.

Dans ces conditions, il est plutôt logique, même si cela peut paraitre paradoxal, que la plupart des surdoués -ceux dont le QI dépasse les 130 et qui représentent environ 2,2% de la population- foirent leur vie en passant à côté de leur potentiel.

Que faire si tu es diagnostiqué surdoué ?

Découvrir si l’on est surdoué est la première étape indispensable à une meilleure gestion de ses émotions et de ses relations. L’un des premiers indicateurs pourrait être celui–ci : Si depuis des années tu te sens seul et incompris dans ce monde que tu trouves incohérent, il n’est alors pas impossible que tu le sois.

Il existe aussi une multitude d’autres indicateurs qui peuvent éveiller les soupçons. En voici quelques-uns :

  • Tu veux changer le monde
  • Alors que ton QI est supérieur à 98% de la population, tu te trouves pourtant nul(le), voire inutile.
  • Tu te satures constamment d’informations intellectuelles, émotionnelles et sensorielles à tel point que tu frôles en permanence le disjonctage.
  • Tu possèdes une sensibilité émotionnelle accrue.
  • Tu te poses une multitude de questions auxquelles il n’y a pas de réponses et tu t’intéresses à des sujets tels que l’infiniment grand, la physique quantique, les mathématiques, la philosophie…
  • Tu possèdes un humour tellement subtil qu’il n’y a que toi qui le comprends.
  • Tu ne comprends pas l’hypocrisie sociale.
  • Tu es un peu misanthrope et, paradoxalement, tu veux sauver le monde.
  • À l’école, en fonction de la matière et du prof qui l’enseignait, tu étais soit premier de la classe… soit dernier. D’ailleurs, soit tu as très brillamment réussi tes études supérieures en sortant dans les premières places de ta promo, soit, au contraire, tu t’es fait éjecter très tôt de ce système éducatif qui n’était absolument pas adapté à ton profil.
  • Ton bureau, que ce soit celui de ta chambre ou de ton ordinateur, est un bordel hors normes mais où tu sais précisément où et pourquoi se trouve chaque chose.
  • Tu as une très forte addiction incontrôlée à l’apprentissage permanent de nouvelles connaissances/compétences.
  • Quel que soit le sujet, comprendre le pourquoi du comment est une obsession chez toi
  • Tu ne supportes pas les gens mous, que ce soit physiquement ou intellectuellement.
  • Tu te satures en permanence de nouvelles informations sur les sujets qui te passionnent.
  • Lorsque tu démarres un projet, cela en fait naître plusieurs autres de sorte que tu en mènes souvent une multitude de front.
  • Alors que tu étais convaincu(e) d’avoir tout raté, tu as, en fait, brillamment réussi.
  • Tu as parfois l’impression de venir d’une autre planète.
  • Tu es toujours en train de lire un truc.
  • Tu ne supportes pas la routine.
  • Consciemment ou pas, tu recherches en permanence d’autres surdoués.
  • Tu possèdes un côté sapiosexuel très prononcé.
  • Pour toi chaque mot possède un sens et tu es hyper précis lors de leurs utilisations. Tu ne supportes pas les approximations.
  • Derrière une question très simple, tu cherches le piège. Tu te dis que cela ne peut pas être aussi simple… alors que pourtant, si.
  • Pour toi, être perfectionniste, c’est normal !
  • Les gens te trouvent trop curieux(se)/sensible/intelligent(e)/rapide/susceptible.
  • Tu as su développer une très forte intuition.
  • Tu arrives à lire très facilement les gens et, paradoxalement, souvent tu ne les comprends pas.
  • Tu ne comprends pas que les autres ne voient pas que telle idée mène droit dans le mur.
  • L’injustice t’insupporte.
  • Le manque de réflexion de certaines personnes te dépitent profondément.
  • Quand tu fais les choses, tu t’engages à fond dedans.
  • Tu adores utiliser ton cerveau et tu ne comprends pas quand les autres disent qu’au contraire, eux ça ‘‘leur prend la tête’’.
  • Tu doutes très souvent.
  • Tu n’as besoin que de 4 secondes pour replier correctement la carte routière.
  • Ta vie sentimentale est très, très, mais vraiment très compliquée…
  • Tu cherches en permanence la faille dans tout.
  • Quand tu joues à un jeu, tu es plus dans l’analyse de ‘‘comment il a été conceptualisé’’ que dans le jeu lui-même.
  • Tu aimerais rester étudiant(e) toute ta vie.
  • Tu ne supportes pas la maltraitance animale.
  • Dans une conversation, tu réponds à une question avant que la question ne soit terminée et tu anticipes et réponds en même temps aux questions suivantes.
  • Lorsque tu fais une recherche sur internet sur un sujet donné, elle se termine systématiquement avec une multitude de fenêtres ouvertes sur une multitude de sujets sans lien avec le sujet de départ.
  • Tu as un tendance à vouloir protéger les plus faibles.
  • Tu passes ta vie à en chercher le sens.
  • Professionnellement, tu ne tiens pas dans la durée : soit tu te fais tout le temps virer, sois tu démissionnes rapidement ‘‘parce que ce job t’emmerde’’.
  • On dit de toi que tu es intelligent …mais bizarre.
  • Les gens te disent souvent que tu te poses trop de questions.
  • Tu es très critique envers toi-même.

… etc, etc, etc.

Si, en les lisant, tu ressens que la plupart de ces descriptions te ressemblent, alors il n’est pas impossible que tu sois un surdoué qui s’ignore, que tu fasses partie de cette minorité de personnes à l’intelligence -mais aussi à la sensibilité et à l’émotionnel- plus affutée. Ceci est d’autant plus envisageable si, après avoir lu cette dernière phrase, tu te dis intérieurement ‘‘que non, ce n’est pas possible’’. Si tu veux en avoir la confirmation, il est possible, par des tests spécialisés, de valider avec précision une surdouance.

Comprendre, assumer et transformer sa surdouance en force

Pour tenter de comprendre le fonctionnement des surdoués, il y a trois éléments essentiels à prendre en compte :

  • Le premier, c’est que l’immense majorité des surdoués ne soupçonnent même pas qu’ils le sont.
  • Le deuxième, c’est que lorsqu’ils ont la chance de le découvrir -suite à un test, à la lecture d’un livre traitant le sujet ou encore un diagnostic fait par un thérapeute spécialisé-, la réaction première de la plupart d’entre eux est le rejet de cette idée qu’ils possèdent un modèle de réflexion plus élevé et plus abouti que la moyenne.
  • Et enfin, alors que les personnes au QI peu élevées se ressemblent toutes, il y a une extraordinaire diversité dans les surdoués, ce qui augmente considérablement la difficulté de les classer dans des cases.

À partir de ce constat, il existe pour un surdoué, -qui, une fois encore, ne sait dans la plupart des cas même pas qu’il en est un et en rejetterait même l’idée éventuelle- quatre manières de vivre sa surdouance :

1/ Le repli sur soi-même

La première façon de vivre sa surdouance, est de s’enfermer dedans. Lorsqu’un surdoué, qui a conscience ou non de ses dons, s’aperçoit qu’il est seul et incompris, il arrive parfois qu’il s’isole. Auto-enfermé dans ses livres et ses passions -cela peut être les sciences, le code informatique, la mathématique… etc.-, il fonctionne la plupart du temps en circuit social extrêmement fermé, n’ayant de rapports approfondis qu’avec une poignée de personnes ayant le même profil et les mêmes obsessions que lui.

Cette voie possède le très gros avantage de permettre au surdoué de pénétrer à fond ses passions, mais elle lui offre la terrible contrepartie de complètement l’isoler socialement. Dans les cas extrêmes, il peut même sombrer dans la folie.

2/ L’abnégation de sa douance

Enfermés dans une vie et un environnement rempli de gens ‘‘normaux’’, certains surdoués qui s’ignorent sont constamment assaillis de phrases du genre : « Tu ne peux pas y arriver », « Pour qui est-ce que tu te prends ? », « Pourquoi ne fais-tu pas comme tout le monde ? », « Tu te crois plus intelligent que les autres ? », « Tu penses trop ! », « Arrête de vouloir trouver une nouvelle façon de faire, si on a toujours fait comme ça, c’est qu’il y a une raison, non ? » …etc.  Entourés d’une multitude de ‘‘normaux-pensants’’ qui leur expliquent ce qu’est la normalité et pourquoi ils doivent s’y conformer, certains surdoués finissent par se résigner et tentent de réfléchir et de vivre ‘‘normalement’’. Ils se laissent convaincre par cet environnement toxique qu’ils sont ‘‘comme tout le monde’’, n’ont finalement rien de spécial et qu’il n’y a, en conséquence, rien à chercher et ni à développer en eux.

C’est une voix assez triste, car les surdoués qui l’empruntent vivent le ressenti inconscient, pesant, permanent et douloureux de ne pas ‘‘être soi’’ et de passer à côté de sa vie.

3/ Aigreur, frustration et colère dues à son ‘‘faux-self’’

Empruntée malgré eux par beaucoup de surdoués, la troisième manière de vivre sa surdouance est celle du ‘‘faux-self’’. En effet, confronté à un monde qui ne les comprend pas et les rejette, beaucoup de surdoués tentent de se protéger en se créant un ‘‘faux-self’’. Un personnage complexe -et très souvent beaucoup moins bien que le personnage réel- qui permet aux surdoués de s’exprimer, souvent maladroitement, dans cette société qui ne les comprend pas.

Cette voie-là, assez répandue chez les surdoués, est plutôt très dure à vivre pour le surdoué concerné qui sait intuitivement qu’il a raison et qui, en conséquence, refuse de se résigner et de rentrer ‘‘dans le moule’’. N’étant pas lui-même, et donc pas en phase avec lui-même, il n’arrive pas à réellement s’épanouir. Il expérimente ainsi la plupart du temps de l’aigreur, de la frustration et de la colère.

4/ L’accomplissement personnel grâce à son ‘‘vrai-self’’

Même si ce n’est pas la plus simple à mettre en application, la quatrième façon de vivre sa surdouance est incontestablement la meilleure de toutes. Il s’agit pour le surdoué d’arriver à assumer sa différence pour offrir au monde sa vulnérabilité et son ‘‘vrai-self’’. Il est ainsi en mesure d’utiliser ses dons pour se créer un projet de vie qui le transcende réellement et apporte une plus-value dans la vie des autres et/ou de la planète.

Qu’ils aient conscience de leurs dons ou pas, seule une minorité des surdoués arrivent à se réaliser pleinement. Et pourtant, pour le surdoué plus que pour n’importe qui d’autre, l’accomplissement personnel est l’un des piliers fondamentaux de la vie. Un objectif de très loin beaucoup plus important pour lui que la réussite telle qu’elle est définie par les normes sociales.

Il apparait donc crucial à un surdoué d’apprendre à mieux gérer sa surdouance et passer enfin de ces états d’abnégation de ses dons, de renfermement sur soi ou encore de colère à celui de l’accomplissement personnel.

Il lui faut assumer et transformer sa différence en force. Une force unique et puissante qui impactera positivement sa vie, sa communauté et, pourquoi pas, le monde.

Le monde est façonné par les gens différents et déraisonnables. Si tu as le privilège d’avoir en toi ce métal, n’en ai pas peur ! Comprends-le, assume-le, développe-le et pars accomplir ta mission de vie, celle pour quoi l’Univers t’a déposé sur cette planète.

En ce début de 21ème siècle, plus que jamais le monde a besoin de véritables leaders qui s’engage. Répondras-tu à l’appel ?

MENSA France

MENSA International

Gérald Vignaud

Gérald Vignaud est le co-fondateur de different.land. Il s’est donné pour mission de contribuer à construire les générations présentes et futures en aidant les gens à développer leurs différences et à démultiplier leurs valeurs.

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