Faut-il interdire les delphinariums ?

Véritables prisons aquatiques, les delphinariums cachent aux yeux de leurs spectateurs des conditions horribles pour les cétacés, il est temps de dire Stop!

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Le bonheur pour une abeille ou un dauphin est d’exister, pour l’homme c’est de le savoir et de s’en emerveiller.Jean-Yves Cousteau

12 Juil.2017

De l’eau chlorée, du poisson mort et des antibiotiques en guise de repas, des heures de « travail forcé », une durée de vie moyenne diminuée de moitié, la solitude ou des étrangers en guise de compagnons, le tout dans un bassin de 850m² profond d’une dizaine de mètres. Bienvenue dans le quotidien des delphinariums.

En comparaison, c’est comme si nous vivions jusqu’à 50 ans seul, dans une pièce de 50m² sans jamais mettre le pied dehors, à tourner en rond tels les orques, dauphins et autres captifs des parcs d’attractions marins.

Les delphinariums, un enfer pour les captifs

Depuis 1938 et la création du premier delphinarium en Floride, on ne compte plus le nombre de mammifères et animaux marins morts en captivité, à cause de la captivité. Par exemple, sur les quelques 200 orques captives entre 1960 et aujourd’hui, plus de 150 d’entre elles n’ont pas passé le cap de 10 ans de vie en captivité et seulement moins de 30 ont survécu plus de 20 ans, alors que leur durée moyenne de vie dans l’océan est de 50 ans.

La capture : fracture sociale et bain de sang

Principalement, afin de capturer un dauphin ou une orque, la solution est simple : elle consiste à isoler les individus d’un groupe, souvent les plus jeunes, et de les acculer dans une baie en leur faisant peur, afin de les échouer sur la plage. Il ne reste alors plus qu’à se servir.

Pour les orques, qui sont des créatures fortement sociales, transmettant leur savoir aux générations suivantes, cette soudaine fracture du groupe est un vrai déchirement. On assiste souvent lors de la capture à des échanges de pleurs entre les capturés et les rescapés.

Concernant les dauphins, si la méthode est la même, la technique est souvent bien plus barbare… En effet, une grande partie des captifs provient de la tristement célèbre « baie de Taiji » et son massacre annuel de dauphins. Un vrai bain de sang. En témoigne « The Cove : la baie de la honte », le film de Louis Psihoyos, oscar du meilleur documentaire 2010.

The Cove – La baie de la honte

La captivité ou le profit des spectacles au mépris de la santé

Le seul et unique but de ces captures est lucratif ! En effet, bien dressés, les animaux seront donnés en spectacle plusieurs fois par jour dans des delphinariums où le droit d’entrée est payant, et ce, au mépris de leur volonté et de leur santé.

Etant des animaux particulièrement joueurs, le dressage des orques et des dauphins n’est pas très difficile. En copiant leurs techniques de communication à l’aide d’un sifflet, on leur ordonne d’exécuter une action pour laquelle ils seront récompensés avec de la nourriture (poisson mort). Après tout, qui ne serait pas prêt à faire le pitre pour remplir son ventre vide ?
En clair :

Sifflet = Action = Récompense

Photo d'un soigneur de delphinariums nourrissant un dauphin

Malheureusement, et c’est là que le bât blesse, la captivité a de nombreux effets sur les animaux, notamment sur leur santé, physique et mentale. Habitués à se nourrir eux même via la chasse en groupe, il ne peuvent exprimer ce comportement dans leur bassin où ils sont nourris de poissons morts et gavés d’antibiotiques. Ces mêmes bassins qui, ne reflétant pas leur environnement naturel génère un stress et des troubles du comportement allant même jusqu’au suicide chez les dauphins. En même temps qui ne deviendrait pas fou à tourner en rond toute la journée ? Ces mêmes bassins qui, remplis d’eau chlorée, provoquent des irritations de la peau et autres démangeaisons et infections chez les animaux. Sans parler de la réduction de leur durée de vie moyenne.

Le sais-tu ? Chez 100% des orques males captifs, l’aileron flaccide (dorsal) est recourbé, contre seulement 1% dans la nature. Ceci serait dû à la contrainte de devoir passer plus de temps à la surface, ce qui diminuerait le soutien de la masse d’eau sur la nageoire. Ou encore à la prépondérance des mouvements de nage circulaires imposés par les bassins.

Enfin, la rupture des liens sociaux et l’obligation de se recréer une place parmi les nouveaux congénères provoquent parfois une agressivité non naturelle allant jusqu’au décès de certains mammifères chez les dauphins. Quant à l’orque, elle reste un animal sauvage et un superprédateur avant tout, et de nombreux incidents ont été recensés avec leur dresseur entrainant la mort d’au moins 3 d’entre eux. Dans chaque cas, témoignages et enquêtes ont prouvé la responsabilité de l’animal causée par sa condition, mais à chaque fois les delphinariums ont su étouffer les affaires afin de rassurer le public et sauvegarder leur machine à sous.

La révolution « Blackfish »

Sorti en 2013 et réalisé par Gabriela Cowperthwaite, le film documentaire « Blackfish » fait la lumière sur ces incidents et apporte une vérité nouvelle à travers des témoignages et confessions sur la capture et les conditions de détention de Tilikum, l’orque au double homicide (décédé en janvier 2017, d’une grave infection pulmonaire d’origine bactérienne). Nous ne pouvons que te conseiller de le visionner pour te faire ta propre idée de l’histoire.

Blackfish

Toute cette agitation autour de ces scandales a eu ses premiers effets sur le public, de plus en plus sensible à cette maltraitance, en témoigne les chiffres publiés par Seaworld : 98 millions de dollars de bénéfice en moins en 2015 et 65.7 millions en 2016, soit 33% de revenus en moins et ½ millions de visiteurs de perdus.

Sauvez Willy ?

Si aujourd’hui de nombreux delphinariums, se sont depuis engagés à ne plus capturer d’orques et à agrandir leurs bassins, la question qui se pose est la suivante : Peut-on relâcher ceux qui vivent en captivité ? Si elle fait débat parmi les experts, il y a un fait qui parle de lui-même ? Nous connaissons tous Keiko, l’orque star du film « Sauvez Willy », et la merveilleuse histoire de son sauvetage. Mais savais-tu que Keiko a fini ses jours dans l’immensité de l’océan ? Est-ce un début d’espoir pour tous les captifs des delphinairums ?

Vers la fin des delphinariums en France ?

Si le chemin vers la libération en encore long, les choses bougent ! Le 6 mai 2017, un arrêté interministériel de dernière minute sur « les règles de fonctionnement des établissements détenant des cétacés » a été publié au Journal officiel avec un changement majeur : En France, il est désormais interdit de reproduire des orques et des dauphins détenus, ainsi que de les échanger avec d’autres bassins. Ce qui signifie, à terme, l’arrêt de la captivité de ces animaux dans le pays.

Le texte, qui contient 33 articles, exige de nombreuses dispositions pour permettre un meilleur bien-être des animaux avec, notamment, des bassins plus grands et moins ennuyeux, l’interdiction du chlore et l’arrêt des contacts directs avec le public !

S’il s’agit là d’une petite victoire pour les cétacés, il ne tient maintenant qu’à toi de les aider à retrouver la liberté.
Continueras-tu à financer tout cela ?

Cyril Ferret

Cyril est le co-fondateur de different.land. Véritable amoureux de la nature et des animaux, il vit en France, près de St-Etienne, avec Flopy, son fidèle compagnon à 4 pattes.

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