GIEC 2019: La nécessaire R-évolution de l’agriculture

Le dernier rapport du GIEC est alarmant et sans équivoque : en détruisant nos terres arables, l’agriculture intensive met en danger notre sécurité alimentaire.

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On ne s'oppose pas à un système par la violence, mais en le démodant avec de nouvelles idées.Céline Basset

04 Sep.2019

Le dernier rapport du GIEC est une méta-analyse élaborée par 107 experts provenant de 52 pays dont 40 % sont des femmes auteurs coordonnateurs principaux. L’équipe des auteurs s’est appuyée sur les contributions de 96 auteurs collaborateurs et a intégré environ 7 000 références dans le texte. Le rapport inclus le total des observations formulées par les experts et les gouvernements.

Les observations formulées par les experts et les gouvernements

Pour ceux qui en doutait encore, il est clair que notre activité humaine est dissonante avec notre Essence Naturelle. Je, Tu, Nous sommes individuellement responsables. Après le temps de l’éveil et de la conscientisation, vient le temps de l’action.

Anthropocène : nous sommes la seule espèce sur terre à détruire notre habitat

Outre les changements climatiques et le seuil des + 2°c, il y a un enchainement de facteurs à effets cascades provenant de nos activités et nos modes de production alimentaire qui engendre la détérioration des terres.

A coup de déforestation, désertification, d’intrants chimiques pour une monoculture dévitalisée et épuisant nos terres, il y a une dégradation des écosystèmes du sol : sa faune et sa microbiologie. Elles seules, sont pourtant responsables de la fertilité et de la productivité. Selon le rapport du GIEC « La définition de la détérioration des sols est la réduction ou perte de la biologie et/ou de la productivité économique » (Chapitre 4, p3, ligne 19-21).

Les semelles de labours, la compaction du sol sous le poids des tracteurs, la perte de la pédofaune engendrent l’eutrophisation des cours d’eaux dès lors saturés aux nitrates et phosphates en plus du facteur pollution.

L’eutrophisation : Manifestations, causes, conséquences et prédictibilité

En parallèle, l’eau douce quitte silencieusement les sols malades érodés pendant que les gaz à effets de serre quant à eux, entrainent l’augmentation du niveau des mers qui engendre un stress osmotique ou stress salin sur les sols. L’ensemble de ces facteurs ne permettent plus la prolifération d’une vie biologique adéquate pour les cultures alimentaires. Nous sommes en danger avec l’ensemble du monde vivant, incluant ses bactéries, ses insectes, ses animaux, ses végétaux.

La montée des eaux dans le delta du Nil

Mise en danger de notre sécurité alimentaire ?

« Nous savons maintenant que même un réchauffement planétaire limité à environ 1,5 °C entraînera malgré tout une augmentation des risques liés aux pénuries d’eau dans les zones arides, aux dommages causés par les incendies, à la fonte du pergélisol et à l’instabilité du système alimentaire », a souligné Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du Groupe de travail I du GIEC.

Notre sécurité alimentaire et ses quatre piliers sont désormais affectés : la disponibilité (rendement et production), l’accès (prix et capacité d’obtenir de la nourriture), l’utilisation (nutrition et possibilité de cuisiner) et la stabilité (irrégularité de la disponibilité). A cela s’ajoute des règles de distribution alimentaire dissonantes avec notre actualité, où nous gaspillons un tiers des aliments produits pour non-conformité aux standards de la commercialisation.

Régénérer les sols, changer notre alimentation

« Le rapport montre qu’une gestion durable des sols nous aiderait à faire face aux changements climatiques », estime Hans-Otto Pörtner, coprésident du Groupe de travail II du GIEC. « Il convient de prendre des mesures rapides et de grande envergure dans plusieurs domaines. »
Les terres doivent donc rester productives pour maintenir notre sécurité alimentaire en dépit d’une croissance démographique galopante.

Se responsabiliser et agir à notre échelle c’est aussi modifier notre régime alimentaire en faveur d’une consommation d’origine végétale. Selon Debra Roberts, coprésidente du Groupe de travail II du GIEC « Certains choix alimentaires nécessitent l’utilisation de davantage de terres et d’eau et causent plus d’émissions de gaz à effet de serre que d’autres » Puis elle a souligné que « Les régimes alimentaires équilibrés riches en aliments d’origine végétale tels que les céréales secondaires, les légumineuses, les fruits et les légumes produits de façon durable dans des systèmes à faibles émissions de gaz à effet de serre offrent de bonnes possibilités d’adaptation aux changements climatiques et de limitation de ces changements ».

L’école du Vivant

Après cet état des lieux, il nous reste plus qu’à apprendre de nos erreurs, nous replacer dans le vivant, comprendre les processus de la Nature pour bénéficier d’une agriculture régénérative, écosystémique, elle aussi vivante. Nous n’avons plus le temps d’être dépité ou déprimé. Il devient fondamental d’allouer nos unités attentionnelles à la compréhension de notre planète pour la régénérer. Le mythe de la croissance infinie dans un monde aux ressources naturelles finies s’effondre. Après le capitalisme étalonné sur la notion de rareté et l’exploitation du vivant, vient ainsi le temps de l’économie vivante avec pour allier la Nature et ses processus écosystémiques.

Schéma d'une agriculture régénérative prenant en compte l'environnement, la biodiversité et les cycles de renouvellement à travers le développement durable, l'aquaculture et la permaculture

Une agriculture régénérative, pérenne et étalonnée sur la Nature est déjà en marche et permet :

  • L’arrêt total des intrants chimiques,
  • Le temps de la régénération,
  • Un outil de transition pour les agriculteurs suicidaires,
  • Une économie locale basée sur le vivant pour le vivant,
  • Le déploiement des ailes du savoir ancestral des peuples premiers qui, eux savent depuis des millénaires, les lois d’une l’agriculture régénérative : l’agro-écologie, l’aquaponie, l’agroforestrie et la biodynamie.

Suicide agricole, encore un constat, il faut des actes

Ainsi le temps du faire, c’est se dégager des charges mentales et cognitives afin d’allouer nos précieuses unités attentionnelles à l’information qui va construire maintenant les solutions de demain. L’heure n’est donc plus à la peur, ni à la stupeur, ni à la violence, ni à la division, mais bel et bien à l’action, à la cohésion sociale, au faire ensemble plutôt que de lutter contre. Sois le changement que tu souhaites voir se réaliser et commence à réfléchir à comment comptes-tu t’y prendre pour apporter sereinement des solutions pour Nous tous.

Céline Basset

Passionnée par la nature et le vivant, Céline Basset est la fondatrice de "Blue Soil - Sangha Project", un concept qui réinvente l'agriculture en redonnant vie à nos sols.

Solutions aux grands défis du 21ème siècle

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2 Commentaires

  1. Dominique mercredi 04 Déc.19 17:04

    Tout ce qui vient du GIEC signe notre arrêt de mort …
    – L’écologie-terroriste du 21e siècle
    Pendant qu’ils nous parlent « d’agriculture raisonnable », voici les fermes usines en préparation :
    https://dxefrance.fr/cartes-elevages-fermes-usines/

    Répondre
    • Céline vendredi 06 Déc.19 12:19

      Notre métier est en danger oui. Entre agribashing de la part des citoyens, la baisse des ressources naturelles ( bientot une pénurie de phosphore pour les produits phyto, baisse de la fertilité des sols) couronnée d’une chambre qui nous coupe l’herbe sous le pied avec des crédits toujours plus nombreux et des salaires boursicotés à la bourse de paris où NyC.
      Dans ce contexte le GIEC n’est qu’un outil à froid, une sorte de photo mondiale de l’état des lieux des sols dans le monde. Si vous souhaitez il y a d’autres études qui nous informe sur ce qui se passe sous nos pieds.
      Et oui complètement d’accord sur le fait que les fermes d’élevage intensifs ne représentent en rien une solution aux problèmes que nous rencontrons tous. Merci pour vos infos et votre commentaire
      l

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